LE FORT DE SAINT-BENOIT DU SAULT
A quoi ressemblait Saint-Benoît-du-Sault vers 1350 ? Quel était l'état de ses fortifications ? En 1447, le roi de France autorisait la ville à s'entourer de remparts; mais il s'agissait d'une autorisation a posteriori, la chose étant réalisée depuis quelques dizaines d'années, disons aux alentours de 1400. Avant cette époque existait seulement l'enceinte appelée le Fort, englobant l'actuelle rue du Fort et l'enceinte entourant l'esplanade de l'église. Dans le Fort habitaient les notables et à l'extérieur devait déjà exister un faubourg conséquent, puisque, quelques dizaines d'années après, les remparts tels qu'on les connaît furent construits tout autour.
On voit sur le
plan la disposition des défenses. Les murs étaient évidement plus élevés que maintenant, faisant au moins cinq mètres de hauteur. Ils étaient surmontés de constructions en bois servant de protection et de mâchicoulis, qu'on appelait hourds ou guérites. Du côté de la vallée du Portefeuille comme dans la descente vers le Portugal et autour de l'église, les pentes forment une protection naturelle. Le point faible se trouve sur le plateau et c'est là que se concentre l'essentiel des défenses. La pièce maîtresse en est le Portail, dont l'architecture massive et les coins arrondis montrent l'ancienneté. Les feuillures rectangulaires en façade montrent qu'il y avait deux ponts-levis, un grand pour les charrettes et cavaliers, qu'on ne baissait qu'à l'occasion, et un petit pour les piétons. On voit à l'entrée du porche deux pierres en saillie qui supportaient l'axe du pont, et on note à l'occasion que le niveau du sol était plus élevé que maintenant. Sous le porche même on voit l'emplacement de deux herses et enfin, à la sortie du porche, l'emplacement d'une porte. Le petit passage piéton devait avoir un système de herses et de portes semblable, mais qu'il est difficile de reconstituer, car il n'y a plus aucune trace.La façade était percée de meurtrières - il en reste deux aux angles - et l'ensemble était couronné par des hourds en bois.
L'escalier à vis qui dessert l'ensemble du bâtiment actuel ne fait pas partie du portail primitif; on devait accéder aux étages par des escaliers en bois.
Les étages étaient utilisés pour le rangement des herses et la
machinerie des ponts. Le grand pont pesait plus de deux tonnes et chaque herse plus d'une tonne. Ils étaient manœuvrés par des systèmes de treuils et de poulies. A l'étage était également le logement du capitaine et de ses fidèles. En effet, la trahison étant chose courante à l'époque, des hommes d'élite étaient en permanence dans les portes fortifiées, car qui tenait la porte tenait la ville.La hauteur des ponts-levis nous donne la largeur des fossés: environ 5 mètres. Ceux-ci finissaient dans des pentes et étaient donc dépourvus d'eau; ils ne devaient pas être bien profonds puisqu'il avait fallu les creuser dans le roc. Ils étaient peut-être doublés d'une palissade en bois.