CARTE  Mouhet < -- > Vouhet

  

Quelles furent les armes de Saint-Benoît du Sault? Une ville pouvait en avoir plusieurs: celles de la seigneurie tutélaire ou celles de la "ville franche", lorsqu'un accord entre le seigneur et les bourgeois permettait l'installation d'une municipalité. Il n'y a rien eu de tel à Saint-Benoît et les seules armoiries qu'on puisse qualifier "de Saint-Benoît" sont donc celles de la Prévôté bénédictine, qui eut seigneurie sur la ville pendant 900 ans. Il n'y a plus aucun exemplaire de ces armoiries; celles qui étaient sculptées sur une stalle de l'église et au fronton de l'Abbaye, et qui existaient encore au XIX° siècle, ont depuis disparu. Elie de Beaufort, qui les a vues, les décrit d'azur à trois clous d'argent en pal se rapprochant de la pointe. La description est succincte et ne permet pas une reconstitution absolument certaine.  

 

Il n'y a plus dans l'ancien prieuré qu'un écu vide au dessus de la porte "du Prévôt". Par contre, il existe une armoirie en deux exemplaires, dans l'église et sur la façade de la Mairie, qui est celle de l'abbaye, reconnaissable au fait qu'elle est timbrée d'une crosse et d'une mitre. Il s'agit d'une croix cantonnée de quatre fleurs, chargé en chef d'un lambel à trois pièces. L'exemplaire situé en façade de la Mairie est surmonté d'une couronne seigneuriale sans signification spéciale et est porté par deux sauvages. Le lambel qui est la brisure par excellence fait penser qu'il s'agit d'armes reprises quelque part; il est logique de penser à Saint-Benoît de Fleury, maison-mère de Saint-Benoît du Sault mais je ne peux le confirmer. Par conséquent, les couleurs proposées sont imaginaires. 

Il y aussi dans l'église un curieux écusson ovale ou en pointe, peint ou sculpté, et qui porte de France, c'est-à-dire d'azur aux trois fleurs de lys d'or, mais avec comme brisure une fasce d'or chargé des lettres de sable S B, lettres dont le sens n'échappera à personne. Le Grand Armorial d'Hozier paru vers 1700 en fait le blason officiel du Prieuré mais lui attribue une fasce d'argent. Cet écusson pose problème car il fallait l'autorisation royale pour arborer les armes de France et non seulement il n'y a pas trace d'une telle autorisation, mais de plus les Prieurs ont toujours échoué à faire reconnaître leur monastère comme fondation royale. Il n'est pas impossible que ce blason soit usurpé et destiné à proclamer malgré tout la protection royale sur le Prieuré. 

 

On peut voir, sculptées et encastrées dans la façade de la Mairie, les armes contemporaines de Saint-Benoît. Cet écu est divisé en quatre quartiers, tous différents, portant chacun les armes d'une famille vicomtale de Brosse.

Le quartier du chef en dextre est de Brosse: d'azur à trois gerbes d'or liées de gueules. Ces armes ont été créées par Géraud de Brosse qui fut vicomte de Brosse entre 1120 et 1160, période pendant laquelle se répandit la mode héraldique. Il est à remarquer qu'aucun écu des de Brosse, vicomtes de Brosse, n'est visible dans la vicomté et qu'aucun des auteurs s'y étant intéressé n'en cite. On connaît les armes des de Brosse, et en particulier les couleurs, par l'intermédiaire de leurs cousins, seigneurs de Sainte-Sévère, parmi lesquels l'illustre Jean de Brosse, "Maréchal de Boussac". Or ceux-ci avaient d'abord brisé avec un lambel à trois pièces - comme on le voit sur leurs monnaies - et n'ont adopté les armes pleines qu'après 1300, lors de l'extinction de la branche aînée. Le gueules étant très souvent utilisé dans les brisures, je suppose que ce lambel était de gueules et que le lien qui unit les gerbes en est un souvenir. Rien ne dit en effet que les vicomtes de Brosse portaient leurs gerbes avec un lien se distinguant de la gerbe.

Le quartier du chef en senestre est de Chauvigny, d'argent à cinq fuseaux et deux demi-fuseaux de gueules, au lambel en chef à six pendentifs de sable. Ce lambel est la brisure de la branche cadette de Châteauroux.

Le quartier de la pointe en dextre, d'or aux trois fasces de gueules, appartient aux de La Roche, marquis de Rambure, dont une épouse, Mme de Vérac, fut vicomtesse au XVIII° siècle.

Le quartier de la pointe en senestre est d'Orléans, en souvenir de la Grande Mademoiselle: d'azur accompagné de trois fleurs de lys d'or, brisé d'un lambel d'argent à trois pièces.

 

En face de la Mairie se trouve l'ancien hôtel Dubrac, en façade duquel on peut voir les armes des de Brosse, surmontées d'une couronne et encadrées de deux écus en losange portant à gauche les hermines et à droite les bandes des armes bretonnes. Ce sont des créations contemporaines qui font allusion aux derniers représentants de la famille des de Brosse. Ceux-ci, - qui n'étaient pas vicomtes de Brosse et n'ont jamais mis les pieds dans la vicomté - avaient hérité du comté de Penthièvre en Bretagne à condition de se faire appeler "de Bretagne" et de porter les armes bretonnes écartelées avec leurs armes familiales.

En allant vers la gauche, on passe devant un porche surmonté d'un écartelé en sautoir, légèrement en relief, puis on arrive dans une ruelle où se trouve un autre écusson des de Brosse.

 

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